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Les deux jambes de la bibliothèque

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Médiadix a organisé 15 avril 2008 une journée d’étude sur le thème Désherbage et conservation partagée. Son directeur Christophe Pavlidès m’a proposé le titre Désherber sans détruire pour une intervention motivée par ce message sur biblio-fr du 17 septembre 2007 que j’ai commenté ici. J’ai eu le plaisir d’entendre Claudine Liebert, inventeuse avec Françoise Gaudet du terme « désherbage » au sens où l’entendent désormais les bibliothécaires, et François Ossent, de la (bienvenue) réserve centrale des bibliothèques de la ville de Paris (compte rendu par Liber, libri - je n’étais pas là l’après-midi).

Dans ma présentation, j’ai repris l’argumentaire pro-désherbage et ce qui le rend scandaleux, surtout aux yeux des non bibliothécaires : la sacralisation de l’objet livre (tandis qu’on n’est pas choqué d’utiliser un CD comme sous-tasse où pour éloigner les oiseaux d’un cerisier). Mais « un livre n’est pas un livre » : ne confondons pas  :
- l’exemplaire physique,
- telle édition particulière dont l’exemplaire physique est un clone parmi les clones,
- l’œuvre, qui est immatérielle.

Puis j’ai plaidé pour une gestion en réseau de la destruction (détruire ne devrait pas être une décision locale) et donc pour une conservation organisée, permettant aux titres qui le méritent de survivre à la raréfaction des demandes par une raréfaction des exemplaires sans disparition totale. Ce que je représente par l’image (détournée) de la longue traîne.

J’en déduisais une nouvelle conception de la conservation : non plus seulement pour l’avenir ou pour les chercheurs, mais aussi pour le grand public, ici et maintenant. Une conservation pour le prêt, avec deux logistiques selon la largeur et la fréquence des flux : la navette et la poste.

Pour finir, j’ai repris l’expression « Les deux jambes de la bibliothèque » utilisée dans mon article Pour une bibliothèque polyvalente  paru dans le Bulletin d’informations de l’ABF n°189, 2000 : « Pourquoi ne pas reconnaître que la bibliothèque marche sur deux jambes, et que l’acquisition d’ouvrages ne relevant pas de la prescription correspond aussi et pleinement à ses

missions ? » Mais j’ai fait glisser le sens de cette expression.
La jambe droite, c’est la bibliothèque visible (et non la collection, dont une partie n’est pas sous les yeux). La gauche, la bibliothèque invisible mais pourtant à disposition : ce qui est sorti, ce qui est en réserve, ce qui est ailleurs et qui peut venir grâce au PEB.

 

Jambe gauche
La bibliothèque invisible

Jambe droite
La bibliothèque visible

Public

Je sais ce que je veux

Je viens fouiner

Service

La gestion des demandes

La mise en espace

Démarche

Répondre à la demande

Prescrire

Les caractéristiques des bibliothèques visibles et invisibles diffèrent considérablement :

Jambe gauche
La bibliothèque invisible

Jambe droite
La bibliothèque visible

Indépendant de la surface

Dépend de la surface

Grandes quantités

Pas trop de quantité

Présentation indifférente

Présentation aérée

Préservation

Renouvellement

Pas de surprise

La surprise comme épice

Un mot sur la prescription : elle est plus efficace dans la bibliothèque visible (comment promouvoir ce qu’on ne met pas sous les yeux ?). Cela ne veut pas dire qu’il ne faille y faire que de la prescription : « Si quiconque, entrant dans une bibliothèque, n’y décèle rien qui lui soit déjà familier, alors il lui est signifié, j’ose dire avec violence, que cet endroit n’est pas pour lui » écrivais-je dans Pour une bibliothèque polyvalente. Mais c’est là qu’on peut offrir le piment de la surprise. Au fond des réserves ou sur les rayonnages des autres bibliothèques accessibles par le PEB, n’est demandé que ce qui est explicitement désiré.
Cette jambe gauche, finalement, c’est bien la longue traîne.
Cette vision d’un service bibliothèque marchant sur deux jambes fonctionne naturellement d’autant mieux en réseau. La bibliothèque ce peut être, au-delà que la seule collection locale attachée au lieu qui la voit naître indéfiniment, des fonds tournants. La bibliothèque invisible, c’est une réserve centrale mais aussi les autres bibliothèques accessibles part le PEB. Ainsi est dépassée la malédiction quantitative qui veut qu’en de petits lieux on ne satisfait pas les demandes trop spécialisées. Ainsi peut être réalisée « cette idée essentielle selon laquelle les besoins [sont] partout qualitativement identiques » (Michel Bouvy, « Une revue professionnelle de combat : Médiathèques publiques », in : Mémoires pour demain : Mélanges en l’honneur de Albert Ronsin, Gérard Thirion, Guy Vaucel. – Paris : Association des bibliothécaires français, 1995).
Ce modèle vaut pour la bibliothèque physique, la bibliothèque des documents physiques, à laquelle je crois toujours. Je ne sais s’il peut s’appliquer à la bibliothèque numérique. Sur un écran, la surface d’exposition est limitée. On ne peut pas montrer grand chose mais on peut chercher beaucoup : la jambe droite est minuscule, la gauche est immense.
Et puis il y a naturellement les fonctions non documentaires de la bibliothèque, à commencer par celles du lieu. Mettons que c’est le tronc.
Voir aussi : Longue traîne et réseautage, 9 septembre 2002


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